En janvier 2025, la France a déposé officiellement le dossier de candidature à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des « Forteresses royales du Languedoc », ensemble architectural exceptionnel composé de huit monuments répartis entre les départements de l’Aude et de l’Ariège : les châteaux d’Aguilar, Lastours, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus, et Termes ainsi que les forteresses de Carcassonne. Cet ensemble est un témoignage exceptionnel du système défensif territorial conçu et administré par le roi de France après la Croisade contre les Albigeois.
Ces monuments, édifiés sur des pitons rocheux, dans des paysages grandioses, illustrent une période charnière de l’histoire, et offrent un exemple unique d’architecture militaire homogène – leur conférant une Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE). Ce dépôt est une étape cruciale après 12 ans d’un vaste et ambitieux travail scientifique et territorial porté par le Département de l’Aude, présidé par Madame Hélène Sandragné et les équipes de l’Association mission patrimoine mondial (AMPM), présidée par Hervé Baro qui est le président déléguée. Suivront 18 mois d’expertise internationale avant le Comité du patrimoine mondial, décisif, qui se tiendra à l’été 2026.

LES FORTERESSES ROYALES….
Cet ensemble de forteresses constitue l’un des exemples les plus significatifs et les mieux préservés de l’architecture militaire déployée par les rois de France au milieu du XIIIe siècle. En s’implantant dans la région en 1230, le pouvoir royal impose un modèle centralisé en créant une sénéchaussée, territoire administré par un représentant du roi – le sénéchal – qui regroupe les pouvoirs administratifs, juridiques et militaires.
Le pouvoir royal entreprend alors un vaste programme de fortifications. La cité de Carcassonne est dotée d’une double enceinte abritant un château, centre de commandement de la sénéchaussée. Parallèlement, une quinzaine de places fortes féodales, confisquées à des seigneurs locaux, sont entièrement reconstruites pour former un réseau autour de Carcassonne, à proximité de la nouvelle frontière avec le royaume d’Aragon-Catalogne. Le but étant d’assurer le contrôle du territoire et d’affirmer de façon spectaculaire l’autorité du roi. Avant leur transformation, ces sites étaient le plus souvent des villages fortifiés, dominés par le château, parfois modeste, du seigneur local.
Il ne reste presque plus rien de ces lieux de vie ayant parfois abrité des communautés cathares et des chevaliers opposés à la croisade et au roi.
… DU LANGUEDOC
Le mot « Languedoc » est une création de l’administration royale française pour désigner le territoire du sud de la France ajouté au domaine royal après la croisade contre les Albigeois. Il apparaît pour la première fois à la fin du XIIIe siècle dans une lettre du roi de France, pendant la mise en place du réseau fortifié. Il sert, dès l’origine, à designer les possessions françaises situées à l’ouest du Rhône et à les distinguer de la Provence, située à l’est du fleuve.
Les bâtisseurs royaux réalisent des exploits pour adapter aux reliefs du pays leur modèle de fortifications, conçu à l’origine pour les plaines du nord de la France. Cet ensemble de châteaux exceptionnels, prolongeant les falaises escarpées en faisant corps avec la roche, est unique en son genre et continue d’impressionner tous ceux qui parcourent les paysages de la Montagne Noire, des Corbières et des piémonts pyrénéens.
Le Languedoc évoque une région riche en histoire, en culture et en paysages encore préservés. C’est une terre de contrastes entre la Méditerranée, les montagnes, les plaines viticoles et des villes chargées en histoire. Pour ses habitants, l’attachement culturel y est très fort, un savoureux mélange de soleil, de vent et d’histoire et un véritable art de vivre.
LA DÉCISION FINALE ATTENDUE DANS 18 MOIS
Le dépôt de la candidature officielle par la France marque le commencement d’une phase de 18 mois d’expertise par une organisation internationale non-gouvernementale, l’ICOMOS, le Conseil international des monuments et des sites, avant la décision finale du Comité du patrimoine mondial, attendue à l’été 2026.
Inscrire un bien au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est le reconnaître et le protéger pour sa valeur universelle exceptionnelle. Ce classement vise ainsi à préserver ces monuments des menaces liées notamment au changement climatique ou aux aménagements modernes. L’inscription au patrimoine mondial constitue surtout un levier de développement territorial considérable pour l’ensemble des collectivités concernées. À travers le déploiement d’un plan de gestion à l’échelle de chaque bien, il s’agit de trouver le juste équilibre entre développement territorial, préservation des patrimoines et des paysages, mise en valeur touristique et amélioration du cadre de vie des habitants. Portée par le conseil départemental de l’Aude, ses partenaires et des experts, cette démarche valorise un héritage unique, démontré par des critères scientifiques rigoureux, dans le but de le transmettre aux générations futures.
