lun. Mai 6th, 2024

À la gloire de l’empereur

Initialement érigée comme la seconde chapelle du château entre 1672 et 1682, cette vaste salle des Gardes, déclarée « commune au Roi et à la Reine » de 1682 à 1789, a subi une transformation significative en 1833. À cette époque, elle fut consacrée à la gloire de Napoléon Bonaparte, Premier Consul puis empereur des Français. L’objectif était d’y exposer les plus grands tableaux de son règne, qui ne pouvaient être logés ailleurs dans le château.

Cette salle, qui précède les appartements des souverains, fut le lieu choisi pour abriter les deux immenses toiles commandées au peintre Jacques-Louis David. Ces œuvres monumentales commémorent les cérémonies liées à l’avènement de Napoléon en tant qu’Empereur des Français : le Sacre, réalisé entre 1805 et 1808, et la Distribution des aigles à l’armée, exécuté entre 1808 et 1810. Le décor somptueux qui encadre ces tableaux est le résultat du talent conjugué de l’architecte du palais, Frédéric Nepveu, du sculpteur Jean-Baptiste Plantar (auteur des trophées sur les boiseries), et de l’atelier du peintre Jean Alaux (responsable de la voussure du plafond).

Programme napoléonien

En plus des deux œuvres majeures de David, la salle dédiée à la gloire de Napoléon Bonaparte accueille également l’imposante « Bataille d’Aboukir » du peintre Gros, exécutée le 25 juillet 1799 et commandée par Joachim Murat, beau-frère de l’empereur à l’époque où il était roi de Naples. Cette toile commémore l’une des charges de cavalerie les plus mémorables de la jeunesse de Napoléon, survenue lors de la campagne d’Égypte.

Le programme artistique napoléonien de la salle a été complété par d’autres œuvres significatives, notamment une « Allégorie du Dix-huit Brumaire » de Callet, également connue sous le nom de « La France sauvée », symbolisant la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte, ornant le plafond. Au-dessus des portes, quatre allégories de François Gérard, représentant respectivement « Le Courage guerrier », « Le Génie s’élevant malgré l’Envie », « La Constance », et « La Clémence appuyée sur la Force ».

Entre les fenêtres, quatre portraits sont disposés : « Le Général Bonaparte en Italie » de Rouillard, « Napoléon 1er, empereur des Français » de Dufay, dit Casanova (adaptation d’un tableau d’époque), et les portraits des deux impératrices Joséphine et Marie-Louise, réalisés par Dedreux-Dorcy.

Au centre de la salle trône la « Colonne de la campagne d’Allemagne », également appelée « Colonne d’Austerlitz », commandée par Napoléon à la manufacture de Sèvres pour commémorer ses premières victoires impériales. Complétée en 1807 et initialement placée dans les grands appartements du palais des Tuileries en 1808, elle demeure l’un des chefs-d’œuvre majeurs de la production de porcelaine de Sèvres sous l’Empire, fruit de la collaboration entre Brongniart (dessin), Bergeret (peinture), et Thomire, Duterme et Cie (monture en bronze).

La « Salle du Sacre » est également marquée par la présence du tableau évoquant le couronnement de l’impératrice Joséphine lors du Sacre. Le tableau original, qui ornait la salle, a été transféré au musée du Louvre en 1889. Il a depuis été remplacé par une seconde version peinte par David entre 1808 et 1822, initialement commandée par un groupe d’hommes d’affaires américains. Après avoir été exposé à travers les États-Unis et l’Europe au XIXe siècle, le tableau a été acquis par Versailles en 1947 et installé dans la salle en 1948, contribuant ainsi à la reconstitution fidèle de l’espace selon la vision de Louis-Philippe.