mar. Déc 24th, 2024

Le voyageur venant d’Avignon atteint le Pays d’Apt après Coustellet. Dès lors, finis les riches quadrillages des cultures de plaine. Désormais, apparaissent à gauche, les Monts de Vaucluse et à droite, le Luberon ondulant sur 60 km. Le paysage change : vignes, cerisiers et oliviers s’alignent sur les premiers coteaux. Les villages hauts perchés bordent les forêts de chênes, de pins et de cèdres. C’est le pays des cerises, un festival de couleurs et de parfums, des ocres rouges au bleu lavande. Des cinéastes de talent mettent en scène ses paysages magiques ; des peintres et des écrivains trouvent leur inspiration dans ses collines.

Le coeur du Luberon et ses villages perchés vous accueillent

Les arbres de Judée aux fleurs roses intenses sont les premiers à illuminer les terrasses des collines. Dans quelques jours, ce sera le mois de mai et les cerisiers en fleurs saupoudreront le paysage d’une neige extraordinaire. Ce sont ces vergers qui ont donné à ce pays la première industrie de fruits confits au monde. En franchissant le col du Pointu, vous pouvez embrasser le Pays d’Apt dans toute sa beauté. Les panoramas abondent : le sommet du rocher de Saignon, la forteresse de Caseneuve, le promontoire de Murs ou encore dans la forêt des cèdres du petit Luberon au-dessus de Bonnieux.

Ce pays est un tout. Au centre du bassin, découvrez Apt, coeur du pays. Tout autour, sur les plateaux et les collines qui émergent de la vallée comme des îles, une vingtaine de villages à la tradition agricole ont su charmer les visiteurs. Fidèles à une vieille tradition, les villages se retrouvent en ville d’Apt le samedi matin. Les habitués du marché envahissent les places et les rues pour cet extraordinaire événement hebdomadaire qui a traversé l’espace et le temps et dont la renommée dépasse les frontières. Celui qui n’a jamais été bousculé par la foule du marché n’a jamais eu l’occasion de sentir la subtile essence de l’âme de la ville et du pays.

Les habitants sont bientôt rejoints par presque autant de visiteurs pendant la saison estivale. Les paysans croisent les intellectuels, les comédiens, les artistes, les hommes politiques et les chefs d’entreprise qui ne se rencontrent pas autrement. Le marché d’Apt est un miroir de ce pays. Mais en vérité, le charme et l’âme sont partout. L’âme est dans ces bories à l’origine mystérieuse, parsemées sur le plateau des Claparèdes entre Bonnieux et Saignon et autour de Viens. Ce village ressemble à une forteresse bâtie par les croisés, et son nom lui-même est la meilleure des invitations. L’âme est dans ces monuments comme le pont Julien, édifié par les romains au IIIe s. avant JC qui enjambe le Calavon, dans la cathédrale d’Apt avec son incroyable trésor, dans cet oratoire, le plus grand de Provence à Caseneuve, dans le romanesque Prieuré de Saint Symphorien se levant solitaire au-dessus de la végétation dans la vallée de l’Aiguebrun, dans l’humilité de la chapelle Saint Pierre à Buoux. L’âme se devine à Castellet, où César Moulin a allumé le premier four au XVIIIe s. pour faire de la faïence dont la réputation rivalise avec celle de Moustiers. On la retrouve dans la vallée des mille couleurs, les falaises d’ocres rouge, jaune, marron, violet, les cirques torturés, les cheminées de fées et les anciennes carrières d’ocre de Gignac à Roussillon, à Rustrel et son Colorado, dans les mines de Gargas et à Villars patrie du peintre Paul Guigou.

A Saint Saturnin lès Apt aussi, qui a érigé une statue à Joseph Talon, père de la trufficulture moderne, sur l’oppidum de Pérréal, à Travignon et ses aiguiers, ou près du fort de Buoux, site sauvage extraordinaire. On la reconnaît dans l’ombre et la lumière des villages perchés : Goult, Joucas, Ménerbes, Lioux, Lagarde, et Sivergues, le village du bout du monde, à Lacoste, où l’ombre fantôme du divin marquis plane encore et où celle du meunier Malachier a laissé d’intrigantes sculptures dans la pierre des vieilles carrières.

Les ressources naturelles du pays ont permis de développer des artisanats originaux et prestigieux : la célèbre faïence fine d’Apt, «les terres mêlées », les pigments d’ocres naturels et les fameux fruits confits. Le site fut occupé dès les temps préhistoriques, mais ce sont les Romains qui ont fondé Apta Julia en l’honneur de Jules César sur une petite île formée par 2 bras de la rivière « le Calavon ». Le camp romain des origines est rapidement devenu une des cités importantes de la Narbonnaise. On peut d’ailleurs encore aujourd’hui observer plusieurs sites romains : les ruines du théâtre antique, la villa gallo-romaine de Tourville et surtout le Pont Julien. L’histoire d’Apt se mêle à celle de la Provence : les invasions, la lointaine suzeraineté des empereurs germaniques qui permet à quelques puissantes familles (les Agoult-Simiane) d’étendre leurs possessions et d’affermir leur pouvoir, la peste de 1348, la présence des Papes à Avignon. Les Etats-Généraux de Provence, puis un concile présidé par le Pape Urbain V tiennent leurs assises à Apt, d’où un renouveau de la religion.

Le XIVe siècle est aussi marqué par la présence de Saint Elzéar et son épouse “mystique”, la bienheureuse Delphine, tout spécialement vénérés à Apt. Les guerres de religion par suite de la présence de nombreux Vaudois en Luberon, auront de graves répercussions (arrêt de Mérindol 1545) : expulsion des protestants et saisie de leurs biens, sièges de la ville en 1560, 1562, et 1586, auxquels les habitants surent résister farouchement. Le XVIIIe siècle est marqué par l’épidémie de peste de 1720/1721 qui affecte profondément le pays d’Apt et plus tard par la Révolution. Au cours du XIXe siècle, les activités artisanales se transforment en véritables industries : les faïences, les ocres, le fer, les chapeaux, bougies et fruits confits qui prennent peu à peu la tête des productions aptésiennes. Le chemin de fer sera pour un temps le débouché essentiel de ces productions dont la plupart ne survivront pas aux concurrences de localités géographiquement mieux situées et aux techniques nouvelles.

La cathédrale Sainte Anne est le monument le plus important de la cité. Au cours des siècles, à partir de 1050, aux XIIe, XIVe et surtout au XVIIe siècle, la cathédrale a été transformée à plusieurs reprises. Les historiens prétendent qu’elle a été tout d’abord le premier lieu de rencontre des chrétiens (IIIe et IVe s.). Les cryptes en témoignent. Il faut visiter la salle du trésor et admirer le voile de Sainte Anne et les reliques. En 1623, Anne d’Autriche, espérant avoir un enfant, se fit donner l’un des doigts de la sainte. Elle eut finalement un garçon : Louis XIV. Quelques années plus tard, elle vint en pèlerinage, rendre hommage à Sainte Anne.

Le pèlerinage de la sainte patronne d’Apt a encore lieu chaque année en juillet. Apt, ville culturelle, trois musées sont à visiter : le musée de géologie qui couvre la période avant l’apparition de l’homme, le musée d’archéologie et ses collections antiques et médiévales et enfin, le musée de l’aventure industrielle qui propose la découverte des ressources du pays et où l’on apprend qu’à Apt, l’industrie à échelle humaine est aussi une tradition. Une partie de l’hôtel de ville et la préfecture occupent aujourd’hui le Palais de l’Evêché, l’un des plus anciens de la Provence chrétienne. Du Moyen-Age et jusqu’en 1853, des remparts et 21 tours entouraient la cité qui a aussi compté jusqu’à 25 chapelles ! Le palais Colin d’Albertas, demeure privée est un joyau de l’art baroque Provençal. Nulle part ailleurs vous ne pourrez admirer pareilles gypseries et allégories, excepté au Louvre.

Un autre hôtel particulier abrite aujourd’hui la Maison du Parc du Luberon. Vous y découvrirez la faune, la flore et l’habitat du Luberon à travers des expositions permanentes. Vous pouvez voir encore 18 fontaines et de très beaux cadrans solaires caractéristiques d’une ville provençale baignée de soleil. A l’occasion de cette visite, goûtez les célèbres fruits confits d’Apt et autres spécialités locales. Apt est la capitale mondiale du fruit confit, et « Site remarquable du Goût ». Si vous êtes intéressé par la fabrication du fruit confit, demandez au confiseur de vous parler du procédé artisanal ou bien, allez visiter la Maison du fruit confit. N’oubliez pas le fameux marché classé d’exception tous les samedis matin, authentique marché de Provence avec les fromages de chèvre, l’huile d’olive, et les vins.

Allez à la rencontre des gens du pays, aussi hospitaliers que leur terre et leur soleil et plongez-vous dans cette ambiance colorée. Le marché paysan du mardi matin, vous propose aussi des produits en provenance directe des agriculteurs. Apt aux portes de la Haute Provence est aussi parfumée de lavande. En saison, visitez la distillerie les Agnels sur les hauteurs de la ville, ou celle des Agnels et dégustez les huiles essentielles pour une découverte olfactive de la Provence.

Les sites ocriers : culturels et grandioses

Le Massif des ocres est situé au coeur d’un territoire à caractère rural qui est aussi l’un des plus importants gisements d’ocre du monde. Il est composé d’un ensemble de collines siliceuses aux versants colorés sur 25 km de long. Ce massif s’étend sur 31.000 hectares et comprend quatre sites classés (au titre de la loi de 1930). A partir de cette étendue géologique, les hommes ont vécu une aventure industrielle qui a commencé dès le XVIIIe siècle. L’exploitation des carrières a façonné le paysage que des milliers de visiteurs venus du monde entier découvrent chaque année, ne percevant pour leur grande majorité qu’un paysage NATUREL.

Il est aussi piquant de constater que pendant plus de 200 ans, les couleurs d’ocres ont été exportées sur les 5 continents et qu’aujourd’hui des visiteurs issus de ces mêmes destinations viennent découvrir un patrimoine industriel sans en avoir conscience. Les objectifs et les enjeux de ce projet portent donc sur la reconnaissance de la dimension réelle des Ocres du Luberon. Géologie, aventure humaine, couleurs, ce triptyque est propice à la fabrique d’une émotion pour un projet qui, au-delà des retombées économiques, se doit de faire émerger une identité territoriale et culturelle : un projet local basé sur la préservation d’un paysage culturel.