Fondée en 1118 par Saint Bernard dans une petite vallée marécageuse, à quelques kilomètres de Montbard, l’abbaye bourguignonne de Fontenay est une parfaite illustration de l’architecture dépouillée et de l’idéal d’autosuffisance pratiqués par les moines cisterciens. L’abbaye, construite dans le site du vallon des Egrevies, est incontestablement l’établissement le mieux conservé parmi ceux qui furent édifiés en Bourgogne du vivant même du Saint réformateur.
L’église, bâtie de 1139 à 1147 par l’abbé Guillaume grâce aux libéralités de l’évêque de Norwich Ebrard, qui y fut enterré, a été consacrée par le pape Eugène III, un cistercien, ancien disciple de Saint Bernard. Elle est d’une grande simplicité et d’un extrême dépouillement, avec son plan en croix latine, sa nef aux murs aveugles, son transept que ne surmonte aucune tour. La perfection des proportions, la rigueur des percements, la science du voûtement, la beauté de l’appareil où voisinent d’impeccables assises de pierre de taille et un rude moellonnage font tout le prix de cette architecture abstraite dont la logique et la clarté découlent d’une sorte d’ascèse. Contemporains, le cloître et le chapitre sont restés intacts et s’inspirent des mêmes principes. L’abbaye conserve encore dans son enceinte d’autres bâtiments communautaires : salle des moines, dortoir des moines, chauffoir, « enfermerie », hôtellerie, boulangerie, forge. Ce dernier bâtiment, datable de la fin du XIIe siècle rappelle la part prise par les Cisterciens aux progrès technologiques du Moyen Age. C’est un des plus anciens bâtiments industriels de France. En dépit des transformations subies aux XIIIe, XVe et XVIe siècles, malgré les ruines accumulées aux XVIIIe et XIXe siècles, l’abbaye de Fontenay, restaurée après 1905, se présente aujourd’hui comme un ensemble largement authentique et bien conservé.