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L’appartement de parade

Cette suite prestigieuse composée de sept salons était initialement destinée à être l’appartement officiel du souverain, servant de cadre aux cérémonies officielles. Par conséquent, elle a été somptueusement décorée selon le style italien, très en vogue auprès du roi à l’époque, avec des lambris en marbre et des plafonds peints. Pendant la journée, le Grand Appartement était ouvert au public, offrant à chacun l’occasion d’apercevoir le roi et la famille royale qui le traversaient quotidiennement pour se rendre à la Chapelle. Sous le règne de Louis XIV, ces salons étaient le lieu des soirées d’appartement, organisées plusieurs fois par semaine.

Le Salon d’Hercule

Le Salon d’Hercule représente la dernière pièce ajoutée à cette enfilade à la fin du règne de Louis XIV. Jusqu’en 1710, l’emplacement était occupé par la chapelle du château sur deux étages, mais elle a été remplacée par la Chapelle royale actuelle. Un plancher a été installé en 1730 pour créer ce nouveau salon, dont la décoration a été achevée sous Louis XV. La pièce a acquis une renommée particulière lorsque, en 1730, Louis XV a fait venir des Gobelins à Paris l’immense tableau de Véronèse, “Le Repas chez Simon”, offert à Louis XIV par la république de Venise en 1664. Les travaux de décoration du salon d’Hercule ont duré jusqu’en 1736, date à laquelle François Lemoyne a terminé la peinture du plafond représentant “L’Apothéose d’Hercule”. Malgré sa nomination au poste de Premier peintre du roi en récompense de son travail, Lemoyne, épuisé par ce vaste projet qui a duré quatre ans, s’est tragiquement suicidé en 1737.

le salon de l’abondance

Les soirs d’appartement, le salon de l’Abondance était le lieu des rafraîchissements ; un buffet y proposait café, vins et liqueurs. C’était aussi l’antichambre du cabinet des Curiosités ou des Raretés de Louis XIV, aujourd’hui occupé par le salon des Jeux de Louis XVI, auquel on accédait par la porte du fond. Le roi aimait montrer à ses hôtes les vases d’orfèvrerie, les gemmes et les médailles qui y étaient conservés et qui ont inspiré le décor de la voûte, où l’on peut voir en particulier la grande nef royale, représentée au-dessus de la porte.

La nef du roi, un objet précieux en forme de navire démâté, était posée sur la table du souverain pour les grandes occasions, ou bien sur le buffet. Symbole de pouvoir, que chacun devait saluer au passage, elle contenait la serviette du souverain. le salon de vénus Ce salon, ainsi que le salon de Diane, constituait le principal accès au Grand Appartement car le Grand Escalier du Château, dit « escalier des Ambassadeurs » y aboutissait, avant sa destruction en 1752. Comme toutes les pièces suivantes, ce salon tire son nom d’une planète, thème lié au mythe solaire qui inspira tout le décor de Versailles dans les années 1670.

Ici, Vénus est représentée au plafond sous les traits de la déesse de l’Amour qui, dans l’Antiquité grecque, était associée à cette planète. Les autres compositions peintes, qui ornent les voussures, représentent des grands hommes ou des héros antiques dont les actions, inspirées par la divinité du lieu, offrent souvent des allusions plus ou moins transparentes aux actions de Louis XIV lui-même. Ainsi la voussure représentant Alexandre épousant Roxane évoque-t-elle le mariage du roi, tandis que celle montrant l’empereur Auguste présidant aux jeux du cirque fait allusion au carrousel de 1662 donné en l’honneur de la reine Marie-Thérèse. De toute l’enfilade, le salon de Vénus présente le décor le plus baroque. C’est le seul endroit où Le Brun a fait dialoguer architectures, sculptures et peintures, tantôt réelles et tantôt feintes : les pilastres et colonnes de marbre sont repris dans les perspectives peintes par Jacques Rousseau, et deux statues en trompe-l’œil du côté des fenêtres répondent à la figure de Louis XIV par Jean Warin. Les soirs d’appartement, on dressait dans le salon des tables couvertes de corbeilles de fleurs, de pyramides de fruits frais et rares comme oranges et citrons, ainsi que de fruits confits et de massepains.

Le Salon de Diane

Dans l’Antiquité grecque, Diane, déesse de la Chasse et sœur d’Apollon, était associée à la lune. Au centre du plafond du Salon de Diane, exécuté par Gabriel Blanchard, on peut admirer Diane présidant à la navigation et à la chasse. Les voussures reprennent ces thèmes, célébrant les goûts cynégétiques de Louis XIV et faisant référence à la marine royale développée par Colbert à la même époque. Le tableau de Charles de La Fosse sur la cheminée représente Le Sacrifice d’Iphigénie, avec en face, au-dessus de la console, Diane et Endymion de Gabriel Blanchard. Les bustes antiques proviennent des collections du cardinal de Mazarin léguées à Louis XIV. Comme le Salon de Vénus, le Salon de Diane servait de vestibule au Grand Appartement et, à l’époque de Louis XIV, les soirs d’appartement, il était utilisé comme chambre du billard, avec des gradins permettant au public de suivre les parties souvent animées par le roi.

Le Salon de Mars

Le Salon de Mars, succédant aux vestibules précédents, marquait le début de l’appartement du roi en tant que salle des gardes. Consacré au dieu de la Guerre, Mars, le plafond central peint par Claude Audran représente Mars sur un char tiré par des loups, encadré par deux compositions de Jouvenet et Houasse. Les voussures, en camaïeu d’or, célèbrent les triomphes guerriers des souverains de l’Antiquité, tandis que la corniche est ornée de casques et de coiffures guerrières variées. À gauche de la cheminée, on trouve La Famille de Darius aux pieds d’Alexandre par Charles Le Brun, et à droite, Les Pèlerins d’Emmaüs d’après Véronèse. Ces deux tableaux, placés en pendant, illustrent la volonté du roi de montrer que les peintres français pouvaient rivaliser avec les maîtres italiens. De part et d’autre de la cheminée, à l’emplacement actuel des tableaux, se trouvaient deux tribunes supprimées en 1750, destinées aux musiciens lors des soirées d’appartement réservées à la musique et à la danse. Les murs latéraux arborent deux portraits d’apparat de Louis XV et Marie Leszczinska par Carle Van Loo, ainsi que quatre tableaux de Simon Vouet illustrant les vertus royales. Ces œuvres proviennent du château de Saint-Germain-en-Laye et représentent La Tempérance, La Prudence, La Justice et La Force.

Le Salon de Mercure

À l’origine, le Salon de Mercure était la chambre de parade du Grand Appartement, appelée “chambre du lit”. Cependant, le lit était retiré en hiver pour libérer de l’espace, permettant l’installation de tables de jeu. Les murs, plafonds et cheminée étaient autrefois ornés de tables, miroirs, chenets et lustres en argent massif magnifiquement ciselés par les orfèvres des Gobelins. Malheureusement, en 1689, ces pièces précieuses furent fondues sur ordre de Louis XIV pour financer la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Une balustrade en argent séparait l’alcôve du reste de la pièce, et des brocarts tissés de fils d’or et d’argent habillaient les murs et le lit, mais ceux-ci ont également été envoyés à la Monnaie pour soutenir la guerre de Succession d’Espagne.

Le Salon de Mercure a connu des moments significatifs de son histoire, notamment lors de la proclamation du duc d’Anjou comme roi d’Espagne, où le nouveau souverain y a dormi pendant trois semaines. De plus, en septembre 1715, le cercueil contenant la dépouille mortelle de Louis XIV a été exposé dans cette pièce.

Le plafond, peint par Jean-Baptiste de Champaigne, représente Mercure sur son char tiré par deux coqs, symbolisant son rôle en tant que messager des dieux et président des échanges commerciaux, des arts et des sciences. Les voussures du plafond illustrent des scènes liées à des événements du règne de Louis XIV, tels que la réception d’ambassades lointaines, le développement de la bibliothèque royale et la publication de l’Histoire naturelle de Claude Perrault.

Le lit actuellement présent dans la pièce a été installé par Louis-Philippe lors de la transformation de Versailles en musée. Deux tableaux précieux pour Louis XIV, David jouant de la harpe par Le Dominiquin et Saint Jean à Patmos attribué à Raphaël, sont accrochés de part et d’autre du lit.

Le Salon d’Apollon

Initialement conçu comme la chambre d’apparat du souverain, le Salon d’Apollon a finalement été utilisé comme salle du trône à partir de 1682. Le plafond de cette salle majestueuse est dédié au dieu du soleil, des arts et de la paix, Apollon. Louis XIV, ayant choisi tôt le symbole solaire, est représenté sur le plafond s’élançant sur son char, entouré de figures allégoriques. Les voussures illustrent la magnificence et la magnanimité du roi, à travers des exemples tirés de l’Antiquité, tels que Vespasien faisant bâtir le Colisée, Auguste édifiant le port de Misène, Porus devant Alexandre, et Coriolan supplié par sa mère et son épouse d’épargner Rome.

Jusqu’en 1689, une estrade sous un dais accueillait le célèbre trône d’argent de Louis XIV, un immense fauteuil en bois de deux mètres soixante de haut, recouvert de plaques et de sculptures d’argent. Malheureusement, ce meuble extraordinaire a été envoyé à la fonte, mais il a été remplacé par une succession de fauteuils dorés, dont le style a évolué au fil du temps.

Au-dessus de la cheminée, le portrait le plus célèbre de Louis XIV, peint par Hyacinthe Rigaud, est accroché. À l’origine réalisé en 1701 à la demande du roi pour son petit-fils devenu roi d’Espagne, Louis XIV a été tellement conquis par le résultat qu’il a décidé de garder l’original pour lui-même et de commander des copies à l’artiste. L’exemplaire exposé à Versailles est la copie datant de 1702, l’original étant conservé au musée du Louvre.