À l’occasion du centenaire de Victor Hugo en 1902, son fidèle ami Paul Meurice, avec le soutien de la famille Hugo, décide de consacrer un musée à sa mémoire et à ses œuvres dans l’hôtel de Rohan Guéménée, 6, place des Vosges à Paris où le poète vécut entre 1832 et 1848.
LA MAISON DE VICTOR HUGO
7 directeurs se sont succédé depuis son ouverture en 1903.
Une fréquentation croissante d’année en année, la maison a accueilli
220 000 visiteurs en 2022 dont 70 % sont étrangers.
La collection, avec un fonds de près de 70 000 œuvres-dessins,
sculptures, peintures, photographies, objets, mobilier, manuscrits,
lettres, livres… dont 20 200 sont numérisés et accessibles en Open
Content sur le portail des collections de Paris Musées
www.parismuseescollections.paris.fr
La Maison de Victor Hugo fête ses 120 ans
Exposition / Paris, Place des Vosges
Pour le célébrer elle propose une exposition-anniversaire
autour de ses collections en accès libre et gratuit
du 10 mai au 3 septembre 2023
https://www.maisonsvictorhugo.paris.fr/
La maison de Victor Hugo fait partie de Paris Musées – Premier réseau de musées en Europe – établissement public qui regroupe les 12 musées de la Ville de Paris et 2 sites patrimoniaux.
Cette année la Maison de Victor Hugo fête ses 120 ans. C’est Paul Meurice, son fidèle ami qui eut l’idée novatrice de créer ce musée à l’occasion du centenaire de Victor Hugo en 1902. Le projet soutenu par la famille Hugo, fut rendu possible grâce à leurs donations successives à la Ville de Paris.
Le musée a ouvert le 30 juin 1903, 18 ans après la disparition du poète. Situé au sein de l’hôtel de Rohan-Guéménée, place des Vosges, le poète y vécut avec sa famille entre 1832 et 1848. Aujourd’hui, un public curieux de découvrir le grand homme et de se familiariser avec son oeuvre, se presse pour visiter ce lieu unique, premier musée littéraire mais aussi lieu d’intimité de cette figure de la littérature française.
D’une incroyable richesse, les collections conservent des dessins de Victor Hugo, des objets de mémoires et du mobilier parfois créé par Hugo luimême, des oeuvres illustrant ses écrits, des photographies, peintures, sculptures, estampes, manuscrits, archives ainsi qu’une bibliothèque dont les ensembles présentés ici permettent de saisir la diversité, la qualité et l’esprit.
Depuis, le musée ne cesse de se développer par des achats et des dons réguliers, fidèle au fil du temps à ses engagements initiaux, comme en témoigne la dernière oeuvre acquise « Vivez » et « Mourez ».
Cette exposition anniversaire est l’occasion de porter un regard sur ces collections et la façon dont elles se sont complétées au fil des ans, à travers plus 230 œuvres en montrant toute sa diversité : dessins, peintures, photographies, estampes, albums, correspondance, manuscrits, textiles, décors, mobilier, et livres précieux… déployées sur les deux étages du musée.
À travers un parcours en quatre parties incluant l’appartement, au 2e étage, le musée rend hommage à Paul Meurice, ainsi qu’aux descendants de Victor Hugo qui accompagnent encore aujourd’hui l’équipe du musée mais également à tous les donateurs et à tous ceux qui depuis 1903 font vivre le musée.
LES ARTISTES EXPOSÉS
• Peintures
Jean Joseph Benjamin-Constant (1845-1902)
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875)
Eugène Carrière (1849 -1906)
André Dewambez (1867-1944)
Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Louis-Edouard Fournier (1857-1917)
Jean-Jacques Henner (1829-1905)
Jean Hugo (1894-1884)
Lucien Mélingue (1841-1889)
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
Jean-François Rafaëlli (1850-1904)
Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938)
Ferdinand Roybet (1840-1920)
Alexandre Steinlen (1859-1923)
• Dessins, lithographies, gravures
Amable (Amabale Petit) (1848-1916)
Julius Baltazar (1949)
Michel Butor (1926-2016)
Emile-Antoine Bayard (1837-1891)
Emile Bernard (1868-1941)
Gustave Brion (1824-1877)
Théophile Busnel (1843-1918)
Jean-Louis Chéret (1820-1882)
Pierre-Antoine Cluzeau (1884-1963)
Honoré Daumier (18/08-1979)
Gustave Doré (1833-1883)
Henri Fantin-Latour (1836-1904)
René-Joseph Gilbert (1858-1914)
Victor Hugo (1802-1885)
Jean-Paul Laurens (1838-1921)
Alfred Lemeunier (1844-1908)
Georges Pilotell (1845-1918)
Arnulf Rainer (1929)
Henri Robecchi (1827-1889)
Emeric Timar (1898-1850)
• Photographies
Claude Bricage (1939-1992)
Charles Hugo (1826-1871)
Andréas Lang (1965)
Nadar (1820-1910)
• Sculpteurs
François-Léon Sicard (1862-1934)
François Pompon (1855-1933)
Auguste Rodin (1840-1917)
UN PARCOURS D’EXPOSITION EN QUATRE ÉTAPES
Le journaliste, romancier et dramaturge Paul Meurice (1818-1905) fait la connaissance de Victor Hugo en 1836 grâce à l’auteur Auguste Vacquerie et devient l’un de ses plus proches amis.
Engagé, il est le cofondateur, avec les fils Hugo et A. Vacquerie, des journaux L’Événement en 1848 et Rappel en 1869. Il écrit Fanfan la tulipe en 1858.
Fréquentant les milieux littéraires et intellectuels, il signe les adaptations théâtrales telles Antigone avec Auguste Vacquerie (1844), Hamlet, par Alexandre Dumas (1847), Ces beaux messieurs du Bois-Doré de George Sand (1862), Les Misérables par Charles Hugo (1863).
Homme de confiance du poète, qui lui confie ses intérêts littéraires et financiers pendant toute la durée de l’exil, il fut aussi l’un de ses exécuteurs testamentaires.
Hugo en images
Paul Meurice fut le maître d’œuvre d’éditions illustrées des écrits de Victor Hugo. Aussi a-t-il accordé une importance particulière à l’image comme mode de connaissance et de célébration.
Pour former le noyau initial de la collection, il a réuni dessins ou peintures préparatoires, de très nombreux tirages d’essai des gravures ainsi qu’une collection quasi complète de ces éditions. Pour donner plus de force à cet ensemble et compenser la dispersion des œuvres inspirées par Hugo tout au long du 19e siècle, il a, en outre, passé commande à des artistes célèbres de l’époque tels Eugène Carrière, Henri Fantin-Latour ou Jean-Jacques Henner, de peintures témoignant des épisodes de la vie du poète, ou de ses écrits les plus importants. En témoigne dans cette partie trois œuvres emblématiques de l’écrivain : Notre-Dame de Paris, Les Burgraves et Les Misérables.
NOTRE-DAME DE PARIS
Notre-Dame de Paris est publié en 1831. L’histoire met en scène le destin tragique d’Esmeralda, désirée par le capitaine Phoebus, aimée par le prêtre Frollo et son sonneur de cloches Quasimodo. Le personnage principal reste néanmoins la cathédrale de Paris, et fait écho à la vogue médiévale de l’époque. Le succès est immense et le roman suscite immédiatement l’attention des peintres. Les éditions illustrées et les adaptations se succèdent tout au long du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui
LES BURGRAVES
Cette pièce est créée à la Comédie-Française en mars 1843. L’action se situe dans un burg, château des bords du Rhin, où Job vit avec ses descendants qui forment une cour de seigneurs brigands et cruels. L’intrigue est celle d’une vengeance de l’esclave sorcière Guanhumara et l’empereur Frédéric Barberousse que l’on croyait mort. On a voulu voir, à tort, dans cette pièce un échec et un épuisement du romantisme. Elle semble plutôt témoigner d’une nouvelle inflexion du théâtre d’Hugo après ses voyages sur le Rhin.
Peu jouée, la pièce n’est reprise que pour célébrer le centenaire de Victor Hugo, en 1902, mise en scène par Lucien Guitry et Paul Meurice. Antoine Vitez en donnera une adaptation remarquée en 1977.
LES MISÉRABLES
Commencé ici-même en 1845, puis repris à Guernesey en 1860, le roman est publié en 1862 à Bruxelles et Paris. Le succès est énorme et l’œuvre demeure la plus célèbre de Victor Hugo. Elle n’a cessé d’inspirer les illustrateurs, les peintres et les sculpteurs qui se sont surtout attachés aux principaux personnages devenus de véritables symboles: Cosette, Gavroche, Jean Valjean mais aussi Fantine et Javert. L’ouvrage a aussi été transposé au théâtre par Charles Hugo, le fils de l’écrivain, et Paul Meurice.
Depuis, adaptations cinématographiques et comédies musicales se sont succédées à travers le monde.
Deux œuvres gravées emblématiques: Le Pape et La Fin de Satan
Le musée conserve plus de 10 000 estampes. Ce fonds centré autour de Victor Hugo témoigne à la fois d’une grande diversité et de l’énorme production de la presse et de l’édition illustrée au 19e siècle que des créations de grands artistes.
Ayant récemment fait l’objet d’un important chantier des collections, ce fond est accessible en ligne librement sur le portail Paris Musées Collections.
Pour l’évoquer, les approches de deux artistes que tout oppose sont ici mises en exergue : d’un côté Jean-Paul Laurens (1838-1921), représentant d’un académisme classique ; de l’autre Émile Bernard (1868-1941) le moderniste et symboliste, proche de Gauguin à Pont-Aven, ami de Van Gogh puis de Paul Cézanne. Tous deux s’intéressent à des poèmes tardifs et peu connus pour en livrer, chacun à sa manière, une vision singulièrement moderne. Le Pape comme La Fin de Satan leur ont inspiré des images qui font corps avec le texte, si visuel et visionnaire, dont ils expriment la force lyrique.
Le Pape est écrit entre 1874 et 1875.
Des extraits sont publiés en revue en 1876 avant sa parution en 1878. Ce poème fait suite à la proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale en 1870 et s’inscrit dans le climat anticlérical de la IIIe République. Le texte se présente tel un rêve. En dormant, le souverain pontife a la vision d’un pape idéal qu’il perçoit comme un cauchemar en s’éveillant. Ironique et satirique, le poème exprime aussi les idées religieuses et humanistes d’un Victor Hugo croyant mais
réfractaire à toutes les églises.
La Fin de Satan est un poème philosophique et religieux de 5 700 vers.
Au début de sa rédaction en 1854, Victor Hugo pense l’intégrer dans ce qui deviendra La Légende des siècles, recueil publié en 1859, 1877 et 1883.
En 1856, vue l’ampleur prise par le poème, il l’annonce comme partie d’un triptyque formé avec La Légende des siècles et Dieu. Après y avoir encore travaillé entre 1860 et 1862, le poète le laisse finalement inachevé et le texte ne paraît qu’après sa mort en 1886.
Ange révolté, Satan est précipité dans l’abîme. Dans sa chute, il répand le mal sur terre par la guerre, le gibet et la prison. Malgré sa révolte, il souffre de n’être plus aimé par Dieu. Il trouve sa rédemption grâce à l’Ange Liberté que Dieu fait naître d’une plume que Satan a perdue en tombant.
Regards d’aujourd’hui
Révéler et valoriser les échos contemporains de l’œuvre de Victor Hugo font partie des missions naturelles du musée.
Le fonds initial constitué par Paul Meurice et la famille Hugo a été étoffé régulièrement grâce à l’acquisition d’œuvres anciennes et à l’ouverture aux œuvres des 20e et 21e siècles.
Les œuvres de deux artistes en témoignent à l’occasion de cette exposition anniversaire :
L’autrichien Arnulf Rainer (né en 1929) figure majeure de la scène
artistique contemporaine construit son œuvre à partir de l’expressionnisme
et de l’art informel. Il s’est d’abord attaqué à sa propre image, dans des
autoportraits photographiques rageusement raturés.
Boulimique d’images, il a étendu son champ d’intervention aux œuvres
d’artistes anonymes ou des maîtres anciens ou modernes avec ce qu’il
appelle ses «surpeintures». Utilisant divers types de reproductions
(photographies, photocopies, pages de livres directement arrachées…), il
recouvre leurs œuvres de dessins, graffitis ou peintures.
En 1998, il commence à travailler à partir de dessins de
Victor Hugo, selon ce principe. Il agrandit des détails,
inverse certaines images, accompagne et transforme le
geste de Hugo. Ces œuvres ont fait l’objet d’un achat
en 2009 puis d’un don en 2012, et ont été exposées au
musée en 2011.
Julius Baltazar (né en 1949) peintre et poète français,
consacre une part importante de son travail à la
réalisation de livres d’artistes en collaboration avec de
nombreux écrivains. En 2015, il fait don au musée d’un
ensemble d’œuvres autour de Victor Hugo, fruit de sa
collaboration avec l’écrivain Michel Butor. Ce don fut
l’objet d’une présentation au musée, en 2015/2016,
intitulée «Hugologie ». En 2022, il donne de nouveau
huit grandes acryliques et encres sur papier, plus libres
mais restant empreintes d’un esprit hugolien, tant sur
le plan poétique que graphique. Le poète Victor Hugo
demeurant une source d’inspiration constante pour
l’artiste. Dans ces peintures abstraites, indépendantes
de l’iconographie et de l’illustration, Julius Baltazar se
tient à la limite de l’allusion par les titres qui évoquent
Les Travailleurs de la mer suggérant un paysagisme
marin abstrait, strié de traits d’encre qui sont comme
la métaphore de l’écriture
Une récente acquisition majeure pour la Maison de Victor Hugo
présentée pour la première fois au musée
Le musée a récemment acquis par préemption lors de la vente aux enchères Ader Nordmann & Dominique du 23 mars 2023, L’œil de Talabardon & Gautier deux encres exceptionnelles sur bois de Victor Hugo «Vivez» et «Mourez». Ces deux panneaux de bois peint comptent parmi les œuvres les plus surprenantes de Victor Hugo.
Alors qu’il aménage Hauteville House à Guernesey, il fait venir de Paris tableaux et objets dont il
récupère les planches des caisses de transport pour y peindre à l’encre. Seuls cinq panneaux de ce type sont connus dont quatre se trouvent désormais dans les collections du musée. «Vivez» et «Mourez» sont les plus ambitieux par leur format et leur sujet. Pour le premier, Hugo représente Goulatromba, personnage picaresque évoqué dans Ruy Blas, selon un dessin ayant appartenu à Léopoldine, sa fille disparue. Il n’est pas étonnant de voir le second panneau placer ce personnage dans un cimetière. Le cycle unissant la vie et la mort est présente dans la décoration de Hauteville House tant dans la salle à manger – où selon une tradition familiale Hugo destinait ces panneaux à servir de rallonges à la table – que dans la galerie de chêne. Ces bois restèrent cependant sans usage décoratif et devenant œuvres à part entière, ils formèrent un diptyque indépendant, chargé d’un profond symbolisme. Ils sont considérés aujourd’hui comme une des œuvres les plus libres et modernes de l’écrivain.
La contribution majeure de Jean Hugo
L’exposition-anniversaire se poursuit dans l’appartement au deuxième étage de la maison, mettant en lumière le rôle essentiel de l’arrière-petit-fils de Victor Hugo.
Jean Hugo (1894-1984) commence à fréquenter les avant-gardes dès sa jeunesse. Durant les Années
folles, il consacre une grande part de son œuvre aux décors pour le théâtre, le ballet ou le cinéma. Ami de Jean Cocteau et de Max Jacob, il se marie en premières noces avec l’artiste Valentine Gross en 1919 (plus connue sous le nom de Valentine Hugo) et fréquente un temps Les surréalistes. Converti au catholicisme après la Seconde Guerre mondiale, il vit au mas de Fourques près de Lunel dans l’Hérault. Son travail, privilégiant souvent la gouache, se concentre sur les paysages qui l’environnent, avec un dessin très pur et lumineux.
Gardien de la mémoire familiale, Jean Hugo est l’un des grands donateurs du musée, soit en son nom propre, soit associé aux membres de la famille, comme pour la donation de Hauteville House à Guernesey. La maison d’exil de Victor Hugo à Guernesey resta propriété familiale jusqu’en 1927, où, à l’occasion de la célébration du centenaire du Romantisme, Jeanne Nègreponte, la petite-fille de Victor Hugo, et les enfants de Georges Hugo, son petit-fils, l’offrirent en donation à la Ville de Paris.
Une grande campagne de restauration menée en 2018 a permis de reconstituer l’état originel de la décoration, grâce à Pinault Collection.
Ce travail se poursuit et des restaurations complémentaires sont réalisées chaque année.
Jean Hugo joua un rôle déterminant dans la constitution de la collection de manuscrits qui avaient été tenus à l’écart du projet de Paul Meurice. Grâce à lui, de 1950 à 1981, un nombre considérable de lettres, d’archives et de manuscrits des différents membres de la famille Hugo sont entrés au musée, suscitant d’autres dons importants. On dénombre ainsi plus de trois cents lettres de Hugo aux membres de sa famille et des centaines de réponses.
A l’occasion de cet anniversaire, le site internet des Maisons de Victor Hugo
à Paris et à Guernesey fait peau neuve grâce à un design repensé pour
mieux correspondre aux attentes des visiteurs dans leurs recherches.
Le site va gagner en clarté pour mieux identifier les deux maisons et leur offre
culturelle. Une meilleure valorisation des collections du musée permettra
de mieux appréhender la richesse des ouvrages et œuvres conservés. Enfin,
l’accessibilité, thème cher à la Maison de Victor Hugo, sera particulièrement
mise en avant pour orienter facilement ses visiteurs dans la découverte du
lieu et mettre à disposition les ressources adaptées aux différents handicaps.
La maison de Victor Hugo accueille désormais le site créé par les hugoliens de
Paris VII, consacré à la recherche autour de Victor Hugo. C’est la première fois
qu’un musée de la Ville de Paris s’associe aussi étroitement à un groupement
universitaire afin de conserver, valoriser et poursuivre le travail précieux de
recherche et d’édition mis à disposition des chercheurs, des étudiants et du
grand public grâce à un site web dédié.