Édifié en pleine mer sur un plateau rocheux situé aux confins de l’océan Atlantique et de l’estuaire de la Gironde, dans un environnement inhospitalier, Cordouan sert depuis 1611 de signal maritime aux navires commerçant entre la France et le monde.
Sa tour en grand appareil de pierre de taille, ornée de pilastres, de colonnes et de sculptures résulte de deux campagnes de construction complémentaires au tournant des XVIe et XVIIe siècles, puis au XVIIIe siècle. Comme le phare d’Alexandrie dont il revendique la fortune, le phare de Cordouan a été pensé comme un véritable monument, tant dans son programme et son expression stylistique que dans l’ingénierie déployée.
La construction initiale fut engagée en 1584 selon la volonté du roi de France, Henri III. Cherchant à conforter sa légitimité, Henri IV développa à la frontière du royaume un programme inédit pour un bâtiment utilitaire avec un vestibule, une chapelle et un appartement pour le roi. Cordouan s’affirme ainsi comme un monument-phare dédié au pouvoir souverain.
L’exhaussement du phare en 1789, voué à améliorer la portée du signal lumineux, conserve la forme architecturale inventée au XVIe siècle. C’est un chef-d’œuvre de stéréotomie à la française.
Dès sa construction, la renommée de Cordouan est immédiate. Cordouan devient un lieu qu’affectionnent les scientifiques. Plusieurs expérimentations y sont testées depuis le XVIIe siècle. La plus célèbre est la lentille de Fresnel, expérimentée sur place en 1823, qui va révolutionner la technique d’éclairage des phares dans le monde entier.
Pierre & Benoît, gardiens du Phare de Cordouan
« Cette inscription c’est une vraie reconnaissance internationale pour le phare, nous rentrons dans un groupe de monuments prestigieux. Après une année 2021 sous le feu des projecteurs, nous ressentons cette saison le fort attrait du monument pour les touristes, notamment internationaux. Nous étions déjà très connus auprès des clientèles françaises, mais cette inscription nous place dans les lieux à visiter en France pour les étrangers.
La pleine saison a commencé quasiment deux mois plus tôt. Certains viennent en premier lieu pour le phare puis pour la destination Charente-Maritime, comme ce fut le cas d’un couple de new-yorkais cet été. Notre métier et notre rapport au phare n’a quant à lui pas vraiment changé avec cette inscription. Ici c’est la nature qui commande, si les conditions météorologiques ne sont pas bonnes les bateaux n’accostent pas, UNESCO ou pas ! »