La galerie des carrosses du château de Versailles, située dans la Grande Écurie du roi et fermée au public depuis 2007, ouvre à nouveau ses portes à partir du 10 mai 2016, grâce au mécénat de la fondation d’entreprise Michelin. Récemment restaurée, cette collection de carrosses, l’une des plus importantes d’europe mais encore largement méconnue du public, est présentée dans un nouvel espace entièrement repensé.
Le lieu : la grande écurie du roi
Sous l’Ancien régime, les Écuries royales s’organisent en deux institutions : la Petite et la Grande Écurie du roi. Joyaux de l’architecture française classique, ces bâtiments jumeaux ont été édifiés par Jules Hardouin-Mansart entre 1679 et 1682, en prévision de l’installation de la Cour et du gouvernement à Versailles. Il s’agit du plus grand chantier royal jamais entrepris pour loger des chevaux. Leur situation exceptionnelle, face au Château, manifeste à elle seule la place accordée au cheval dans la représentation du pouvoir sous l’Ancien Régime. Avec leur plan original en fer à cheval, les bâtiments s’organisent autour de cinq cours. Les ailes latérales sont consacrées au personnel, le corps central, avec ses immenses galeries voûtées, dévolu aux chevaux.
Au coeur de chaque ensemble, se trouve le manège : rectangulaire à la Grande Écurie, circulaire à la Petite. La dénomination des deux bâtiments ne tient pas à leurs dimensions mais à leur affectation. Au Nord, la Grande Écurie, sous l’autorité du Grand écuyer de France, appelé « Monsieur le Grand », a la charge des chevaux de main, parfaitement dressés pour la chasse et la guerre. Au Sud, la Petite Écurie, dirigée par le Premier écuyer, appelé « Monsieur le Premier », a le soin des montures servant à l’ordinaire, des chevaux d’attelage et des voitures. En principe, le Grand écuyer commande l’ensemble des écuries et haras, mais le Premier écuyer supporte mal cette subordination. Entre ces deux éminents personnages, la rivalité est constante. Les écuries constituent l’un des plus importants départements de la Maison du Roi. L’activité y est constamment intense et près d’un millier d’hommes y travaillent : écuyers, cochers, piqueurs, postillons, valets de pied, garçons d’attelage, palefreniers, maréchaux de forge, aumôniers, musiciens, chirurgiens hippiatriques, école des pages… Les galeries abritent des centaines de chevaux venus du monde entier, rangés selon leur race et leur robe. Leschevaux espagnols, arabes et perses servent à la parade et aux carrousels ; les coureurs anglais à la chasse ; les chevaux carrossiers proviennent de Pologne, du Danemark et de Prusse. Les écuries de Versailles étonnent par la hauteur inhabituelle desvoûtes, par l’épaisseur des murs et par le pavement de pierre. Rang simple à la Grande Écurie ou rang double à la Petite, les chevaux ne sont séparés que par de simples barres de bois, pour la beauté du coup d’oeil et pour le bien-être des chevaux.
La collection du musée des voitures de trianon à la galerie des carrosses
Les centaines de voitures du plus grand luxe qui, à la fin de l’Ancien Régime, servent au Roi et à la Cour, ont toutes disparu. Plusieurs raisons expliquent cet état de fait. Il est en premier lieu la conséquence d’une coutume de la chevalerie : l’attribution à la mort du souverain, au Grand et au Premier Écuyers, des voitures, chaises et harnais de la Grande et de la Petite Écurie. Ces derniers sont ainsi dispersés et revendus au fil des siècles. Ensuite, à la Révolution française, les plus belles voitures sont vandalisées et incendiées sur ordre de la Convention nationale, comme symboles de la tyrannie monarchique.
D’autres carrosses de grand apparat peuvent être, envoyés sur les fronts de guerre, comme par exemple à la bataille de Valmy ou à la guerre de Vendée, où ils servent au transport des troupes et comme ambulance. Enfin, les dernières voitures sont vendues aux enchères lors des ventes révolutionnaires en 1793 et 1794. En 1831, la collection des carrosses de Versailles est réunie par Louis-Philippe, au moment où il transforme le château en musée dédié « À toutes les Gloires de la France ». À la liquidation de la liste civile de Charles X – les carrosses appartiennent au roi et non à la Couronne -, Louis-Philippe acquiert dix voitures de cérémonie présentant un intérêt historique, avec des harnais. C’est ainsi qu’arrivent à la Petite Écurie les berlines du mariage de Napoléon Ier, celle du baptême du duc de Bordeaux, le carrosse du Sacre de Charles X, et, deux ans plus tard, le char funèbre de Louis XVIII. En 1851, le Roi demande à l’architecte Charles-Auguste Questel de créer à Trianon un bâtiment destiné à accueillir ces carrosses : le musée des voitures du Trianon voit le jour.
Par des dépôts du Garde-Meuble royal puis du Mobilier national, chaises et traîneaux rejoignent les collections. En 1978, la collection est rapatriée à la Grande Écurie et le bâtiment Questel détruit. En 1997, le premier musée des Carrosses de Versailles, véritable projet culturel, ouvre ses portes. En 2016, un nouveau projet pour la collection se dessine, le musée ayant dû fermer quelques années plus tôt. Pour la première fois, le public peut découvrir ces collections dans un espace entièrement repensé et ouvert tous les jours. une collection unique