Sa beauté, son isolement, sa biodiversité, ses paysages à couper le souffle oula force de son identité lui donnent un caractère unique et une renomméemondiale. Ses ascensions légendaires à travers les âges motivées par la curiosité, la soif de découverte ou le dépassement de soi complètent les mythes associés à notre Géant de Provence. Pèlerins, botanistes, entomologistes, randonneurs, skieurs, cyclistes, gourmets… sont venus et viennent de loin pour cette« montagne-territoire ».
Le Mont-Ventoux rassemble aussi des hommes qui travaillent et vivent dans les villes et villages de la plaine du Comtat au plateau de Sault, des Gorges de la Nesque à la vallée du Toulourenc, du pays de Vaison aux monts de Vaucluse.
Mais cette montagne est un territoire fragile empreint de fortes traditions et de modes de vie qu’il faut protéger et valoriser, de patrimoines naturels et culturels qu’il faut préserver. Le Mont-Ventoux est un bien commun qui doit être partagé et transmis aux générations futures
Conscients de ces richesses mais aussi de leur fragilité, nous avons décidé de nous rassembler autour de ce massif dans une volonté unanime de faire « encore plus et mieux » pour préserver son patrimoine naturel et culturel, pour fonder une économie nouvelle, porteuse de sens et rapprocher les habitants pour mieux vivre ensemble.
Le classement du Mont-Ventoux en Réserve de Biosphèrede l’UNESCO en 1990 était une première étape pour préserver toutes ces richesses. Persuadés que l’avenir de la montagne et de l’ensemble de ses piémonts sont indissociables, nous nous sommes engagés dans un projet ambitieux pour un développement futur adapté à ce caractère exceptionnel.
Ventoux, une véritable Arche de Noé…
Mosaïque extraordinaire et magnifique tant par la variété de ses paysages, la diversité des expressions culturelles que par la richesse de son patrimoine, le Mont-Ventoux – à l’image du Vaucluse – demeure l’un des sites des plus attractifs de France. Un territoire provençal, solitaire et majestueux, qui a d’ailleurs toujours inspiré la veine créatrice d’écrivains et poètes, depuis les joyeuses ritournelles des troubadours à l’évocation de Pétrarque lors son ascension physique et contemplative du massif. Ou encore de Jean Giono à Henri Bosco, à René Char et à bien d’autres beaux esprits de la littérature tous séduits par la magie de cet écrin naturel, charmés, émerveillés et même envoûtés par l’esprit des lieux…
Cette splendeur, cette puissance minérale et végétale aux senteurs parfois enivrantes, la montagne mythique du Comtat Venaissin les tient de la passion profonde et de la sacro-sainte vénération que leur témoignent depuis toujours les générations qui se sont ici succédé pour continuer à écrire la légende du Géant de Provence. Une longue et fabuleuse histoire que l’on complète aujourd’hui grâce à l’avènement du Parc naturel régional du Mont-Ventoux tout nouvellement labellisé par un sceau ministériel.
Une telle reconnaissance va permettre de préserver encore davantage un territoire déjà fragile dont l’équilibre risque d’être menacé par divers excès qui pourraient perturber et même remettre en cause l’art de vivre d’une population désireuse de bâtir son avenir sur certaines valeurs forgées patiemment au cours d’un riche passé.
Ce bien commun, ce site au trésor archéologique incomparable, unique en France, ce joyau aux multiples atouts faunistiques et floristiques méritait ô combien de bénéficier d’une surveillance accrue afin de sanctuariser avec bienveillance ce paradis terrestre de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Labellisée par l’UNESCO depuis 1990, la Réserve de Biosphère du Mont-Ventoux présente une incroyable diversité de milieux abritant de nombreuses espèces animales et végétales, comme le Vautour percnoptère, l’Aigle royal, ou de la Nivéole de Fabre, une espèce végétale endémique du Ventoux. Biologistes, naturalistes ou entomologistes, héritiers de la lignée de Jean-Henri Fabre, font chaque fois un rêve éveillé en parcourant ce Ventoux protéiforme qui, par exemple, abrite 150 espèces d’oiseaux nicheurs, 1500 espèces végétales et quelque 500 espèces de lépidoptères dont le Machaon oul’Apollon, emblématique papillon mis en danger par le réchauffement climatique.
Une demi-journée de déplacement suivant la verticale fait passer, sous les regards, la succession des principaux types végétaux que l’on rencontrerait en un long voyage du sud au nord, suivant le même méridien… En bas, dans les haies, vous avez récolté les fleurs écarlates du grenadier, ami du ciel africain ; là-haut vous « récolterez » un petit pavot, qui déploie sa large corolle jaune dans les solitudes glacées du Groenland et du Cap Nord, comme sur les pentes terminales du Ventoux. » Jean-Henri FABRE Souvenirs entomologiques, 1879.
La Réserve de Biosphère du Mont-Ventoux et ses missions Au nombre de 14 en France, dont 2 dans le Vaucluse, les Réserves de Biosphère oeuvrent pour la promotion d’un développement durable qui concilie la conservation des espèces naturelles et le développement économique et social. Reconnue par l’UNESCO depuis 1990, la Réserve de Biosphère du Mont-Ventoux présente une incroyable diversité de milieux abritant de nombreuses espèces végétales et animales, dont certaines sont reconnues pour leur grande rareté. Ce programme international vise à :
- Contribuer à la conservation des écosystèmes, des paysages, des espèces et de la variabilité génétique.
- Soutenir un développement économique respectant la nature et la culture locale.
- Encourager la formation, l’éducation et la sensibilisation au développement durable.
- Mettre en place des programmes de recherche et de surveillance continue de l’environnement.
Le Parc naturel régional du Mont-Ventoux s’apparente aussi à une Arche de Noé bigarrée qui abrite une très grande diversité de groupes d’animaux, dont notamment une famille de mammifères que l’on peut (presque) facilement observer en pleine nature. Faune sauvage composée de cerfs, chevreuils, mouflons, chamois et sangliers qui peuplent depuis fort longtemps cette vaste forêt. Avec depuis quelques années un pensionnaire supplémentaire, le loup, présent au sein de deux ou trois meutes identifiées.
Ces bois sont aussi un havre de paix pour 120 espèces d’oiseaux qui nichent au cœur de la montagne, des contreforts jusqu’au sommet. Tous les passionnés de l’avifaune peuvent ici satisfaire leur curiosité en ouvrant l’œil aussi bien sur le royaume des passereaux que sur les repaires des grands rapaces.
Ce conservatoire de la forêt, pinèdes, hêtraies, plantes rares et fleurs de toute beauté qui offrent une palette de couleurs et de paysages à couper le souffle du promeneur, sera mis en valeur par le nouveau Parc du Ventoux. Tout en veillant au développement économique et social de son territoire, le Parc s’attachera aussi à veiller à la sauvegarde de ses richesses patrimoniales, sites et monuments, à fortifier la diversité des expressions artistiques, à maintenir traditions, us et coutumes comtadins dans ce pays ensoleillé où Frédéric Mistral et les chantres du félibrige se proposèrent au milieu du XIXème siècle de restituer au provençal son rang de langue littéraire.
Ventoux, historique…
C’est près de Monieux, dans le Bau de l’Aubésier, que les plus anciennes traces de la présence humaine dans le Ventoux ont été retrouvées : des outils mais aussi des ossements d’une Néandertalienne ayant vécu il y a 200 000 ans ! Peut-être croisa-t-elle les ours bruns dont des os fossilisés ont été découverts dans une cavité de la commune de Brantes.
Une grande diversité biologique existait déjà à cette époque où des chamois, et bien d’autres ongulés côtoyaient des rongeurs ou des chiroptères.
Des trompettes en terre cuite de l’époque gallo-romaine découvertes au sommet du Ventoux attestent l’intérêt que l’homme eut très tôt pour ce site. Ces objets étaient sans doute en lien avec une forme de culte pour Vintur, le dieu du Mont, notamment vénéré comme protecteur contre le mistral, et qui selon certains donna son nom à la plus haute montagne du Vaucluse. Les vestiges de la période gallo-romaine les plus marquants du territoire sont sans conteste les sites antiques de Vaison-la-Romaine, véritables musées à ciel ouvert dont le Théâtre antique est la pièce maîtresse. Au moyen-âge, les villages prennent leur essor et se protègent de l’ennemi en édifiant remparts et châteaux comme à Venasque, Le Barroux ou encore Carpentras.
C’est de cette époque que remonte la première ascension du Mont-Ventoux relatée, celle de Pétrarque, poète humaniste italien, le 26 avril 1336. Un parcours initiatique qui fait encore référence aujourd’hui et qui inspira sans doute l’écrivain Jean-Henri Fabre. Au-delà des paysages admirables dont il put s’extasier, ce naturaliste et éminent entomologiste qui en 1865 emprunta aussi les chemins vers le sommet du Ventoux releva la très grande richesse et l’incroyable diversité de la flore locale depuis l’étage méditerranéen jusqu’à l’étage subalpin.
Le déboisement lié à la surexploitation de la forêt intensifiée par la donation en 1250 du seigneur de Bédoin, Barral des Baux, à ses villageois puis le reboisement au XIXème siècle du Ventoux sont des événements fondateurs dans l’histoire de la montagne. L’activité traditionnelle de production de charbon de bois a beaucoup contribué au déboisement, les charbonnières s’étant développées dans la région depuis le moyen-âge, les pentes de la montagne se sont progressivement vidées de tout arbre. Aujourd’hui, grâce au reboisement la cédraie du Ventoux est la première de France.
Le Ventoux fut aussi longtemps le lieu d’exploitation de glacières. Du XVIIème au XIXème siècle, des cavités étaient utilisées pour accumuler et tasser la neige et on obtenait ainsi des cubes de glace qui pouvaient notamment permettre la fabrication de sorbet.
Véritable tour de guet du Vaucluse, le sommet du Mont-Ventoux avait été choisi en 1882 pour accueillir un observatoire de la météorologie nationale qui cessa son activité au début de la première guerre mondiale. Depuis 2016, le Syndicat mixte d’aménagement et d’équipement du Mont-Ventoux et l’association Infoclimat y ont installé des capteurs pour de nouveau observer les conditions climatiques au faît du Géant de Provence.
Natura 2000 : 4 sites à haute valeur écologique
Réseau de sites naturels européens identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, Natura 2000 comprend 14 sites en Vaucluse, dont 4 sont gérés désormais par le Parc du Ventoux : Mont-Ventoux, Gorges de la Nesque, Ouvèze et Toulourenc, et Aygues. Le dispositif Natura 2000 permet de concilier la préservation de la nature et les préoccupations socio-économiques. Natura 2000 s’appuie sur deux directives européennes qui s’engagent à mettre en œuvre des actions de conservation de la nature pour certains sites à forte valeur écologique. La Directive “Oiseaux” (1979) définit des Zones de Protection Spéciales (ZPS) pour la conservation à long terme des espèces d’oiseaux sauvages, et la Directive “Habitats, faune, flore” (1992) définit des Zones Spéciales de Conservation (ZSC) pour la conservation d’espèces de faune et de flore sauvages ainsi que de leur habitat.
LES SITES NATURA 2000 EN BREF
- Mont-Ventoux : 3140 hectares, de 696 à 1909 mètres d’altitude, 15 habitats et 42 espèces d’intérêt communautaire.
- Gorges de la Nesque : 1233 hectares, de 281 à 859 mètres d’altitude, un canyon de 12 km de long et de 400 mètres de profondeur.
- Ouvèze et Toulourenc : 1247 hectares, de 17 à 740 mètres d’altitude, deux influences climatiques montagnardes et méditerranéennes sur deux rivières en tresse.
- Aygues : 830 hectares, de 50 à 208 mètres d’altitude, 30 km de rivière en tresse.
Historique et richesses du Mont-Ventoux : Près de Monieux, dans le Bau de l’Aubésier, ont été retrouvées les plus anciennes traces de la présence humaine dans le Ventoux, avec des outils et des ossements d’une Néandertalienne ayant vécu il y a 200 000 ans. Cette région abritait déjà une grande diversité biologique avec la présence de chamois, d’ongulés, de rongeurs et de chiroptères.
Des trompettes en terre cuite datant de l’époque gallo-romaine ont été découvertes au sommet du Ventoux, témoignant de l’intérêt précoce de l’homme pour ce site. Le Ventoux a également été le lieu d’exploitation de glacières du XVIIème au XIXème siècle, permettant la fabrication de cubes de glace et de sorbet.
Le déboisement intensifié par la surexploitation de la forêt, suivi du reboisement au XIXème siècle, ont marqué l’histoire de la montagne. Aujourd’hui, grâce au reboisement, la cédraie du Ventoux est la première de France.
Le sommet du Mont-Ventoux a également accueilli un observatoire de la météorologie nationale en 1882, qui a cessé son activité au début de la première guerre mondiale. Depuis 2016, des capteurs y ont été installés pour observer à nouveau les conditions climatiques au sommet du Géant de Provence.
Dates clés de la création du Parc naturel régional du Mont-Ventoux:
2 novembre 1965: Création du Syndicat mixte d’aménagement touristique et d’équipement sportif du Mont-Ventoux par 10 communes fondatrices, qui se sont unies au département de Vaucluse pour le développement de leur territoire. Cette structure est devenue le Syndicat mixte d’aménagement et d’équipement du Mont-Ventoux (SMAEMV) avec 43 communes adhérentes.
2008: La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur détermine le périmètre d’étude du Parc Naturel Régional du Mont-Ventoux.
2012: Le SMAEMV est chargé de piloter le projet de Parc (animation, concertation, information, élaboration de la Charte…).
2013: Le projet de Parc est mis au débat public avec un grand forum de lancement, des réunions publiques, et la construction du diagnostic territorial (ateliers thématiques, entretiens, assemblées plénières).
2014: Le diagnostic de territoire est finalisé. Concertation et co-élaboration de la Charte avec les élus, habitants, associations, entreprises, gestionnaires.
Printemps 2015 à début 2016: Mise au point du projet de Charte.
Printemps 2016: Le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur nomme un médiateur. La Charte est révisée.
Février 2018: Premier comité de pilotage de relance du projet de Parc naturel régional du Mont-Ventoux.
Décembre 2018: L’État donne un avis intermédiaire favorable au projet de Parc.
Mai à juin 2019: La Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur lance une enquête publique sur le projet de Charte en vue du classement du territoire en Parc naturel régional du Mont-Ventoux.
Juillet 2019: La commission d’enquête rend un avis favorable sur la Charte du futur Parc.
Août à novembre 2019: Sur les 39 communes du périmètre qui votent le projet, 35 choisissent d’adhérer au futur PNR du Mont-Ventoux.
Octobre 2019: Les élus du SMAEMV adoptent la charte du Parc.
Décembre 2019: La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur approuve à l’unanimité la charte du Parc.
Février 2020: Grand oral devant le Comité National de la Protection de la Nature à Paris.
Mars à mai 2020: L’État finalise l’instruction du projet.
Juin 2020: Le décret de création est publié au Journal officiel, donnant naissance au Parc Naturel Régional du Mont-Ventoux, 55ème Parc naturel régional français. Avec la création du Parc, le SMAEMV devient l’organe de gestion du “Parc naturel régional du Mont-Ventoux” et prend le nom de “syndicat mixte de gestion du Parc naturel régional du Mont-Ventoux”.