Le pèlerinage de Qoyllurit’i, le plus important pour les communautés Quechuas et Aymaras, est un parfait exemple du mariage des traditions catholiques et Inca. Qoyllurit’i (étoile des neiges en quechua) est un pèlerinage traditionnel qui a lieu chaque année depuis plus de deux siècles, pour rendre hommage à l’apparition de l’image du Christ crucifié sur un rocher de l’Ausangate, l’une des montagnes les plus hautes du Pérou. Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2011, c’est aussi un des lieux de rassemblement les plus hauts du monde.
Le grand rassemblement se fait dans le village de Mahuayani (127 km de Cuzco). La procession de 8 km s’achemine au sanctuaire de Qoyllurit’i, situé au pied du glacier de Qolqe Punku (4 900m d’altitude) dans la vallée de Sinakra (voisine du sommet Ausangate). Au cours de cette célébration, ce sont quelques 90 000 participants, membres de huit communautés de différentes régions de Cuzco (Paucartambo, Quispicanchi, Canchis, Acomayo, Paruro, Tawantinsuyo, Anta et Urubamba) qui se rassemblent afin d’effectuer le pèlerinage au sanctuaire de Sinakra, entre processions et danses typiques des différentes nations. Une figure bien connue sont les Ukukus (ou Pablitos), qui symbolisent des demi-dieux issus d’une union entre un ours et une femme. Ces derniers (en photo), ont la tête entièrement couverte d’une cagoule brodée d’un visage mi-ange mi-démon et officient comme clown burlesque au même titre que responsable de la discipline.
C’est quand ? 58 jours après Pâques, la semaine qui précède la fête du Corpus Christi (le 8 juin 2023, une autre date à retenir pour les festivals religieux de Cuzco). La date varie entre fin mai et début juin.
La ville de Cajamarca (au nord du pays, entre Trujillo et Chiclayo), capitale de la région éponyme, est une destination inoubliable avec de nombreux attraits : une magnifique architecture coloniale, des paysages à couper le souffle et une très riche histoire. Aujourd’hui, il reste des édifices coloniaux comme la cathédrale (église Matriz Santa Catalina), les églises de San Francisco, Belen et Recoleta, ainsi que des maisons incas et des monuments comme le “cuarto del rescate”. Véritable enceinte dorée, cette cellule ou chambre de la rançon représente une bonne partie de l’histoire péruvienne. Elle est considérée comme le lieu où l’empire inca s’est éteint suite à l’exécution d’Atahualpa, le dernier empereur. Après la guerre qui opposa les Incas aux Espagnols, Atahualpa fut emprisonné et gardé dans cette salle pendant 8 mois. Il promit de la remplir d’or si son bourreau le libérait. Mais ce dernier ne tint pas parole et tenta d’évangéliser le souverain qui jeta une bible par terre, ce qui lui valut la mort. D’où le surnom de cette salle.
Dans les environs, le complexe archéologique de Cumbemayo (19 km) est entouré par une fantastique forêt de pierre qui semble reproduire la silhouette de moines pieux. On peut aussi voir des grottes aux parois gravées et un aqueduc, joyau de l’ingénierie hydraulique pré-inca. On peut aussi citer les ventanillas de Otuzco, une nécropole du 1er siècle dont les niches carrées ou rectangulaires ont été taillées sur une surface rocheuse d’origine volcanique.
À trois heures de Cuzco, dans la province de Canas et à 3 700 mètres d’altitude, il existe un pont mythique : Q’eswachaka. Cette création inca était autrefois utilisée pour traverser la rivière Apurimac. Inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2013, le pont faisait partie du Qhapaq Ñan, un vaste réseau de routes établi il y a plus de cinq siècles par les Incas sur un territoire de plus de deux millions de kilomètres carrés. Le pont mesure 28 mètres de long et 1,20 mètre de large. Construit avec de l’ichu, une herbe des plus hautes régions des Andes, il est le dernier de ce genre à avoir survécu à la modernité. C’est avant tout un symbole, permettant aux populations locales de continuer à perpétuer les rituels andins de génération en génération.
Chaque année, les habitants des communautés rurales de Perccaro, Huinchiri, Ccollana et Qqewe, se réunissent pour renouveler la structure du pont. La fête alors organisée en cet honneur dure quatre jours. La célébration commence par une offrande à l’Apu Quinsallallawi (Dieux des montagnes). Un prêtre andin performe cette cérémonie ancestrale pour implorer la protection de la divinité inca de la Pachamama (Terre mère ou nourricière).
Tous les villageois sont invités à participer à la rénovation du pont et c’est donc dans le plus grand respect des traditions incas qu’ils se répartissent les tâches. Pendant que certains assemblent l’ichu, d’autres démontent l’ancien pont et pendant que les femmes commencent tressage de l’ichu pour le nouveau pont, supervisées par un chakaruwak ou un spécialiste. Les femmes restent assez loin des travaux de reconstruction du pont, une tâche réservée aux hommes, une croyance inca voudrait que la femme attire la q’encha, (mot quechua pour désigner la malchance). Le troisième jour, les hommes commencent à assembler la rambarde et le plancher du pont. Après avoir terminé le travail de rénovation du pont, le 4e et dernier jour, qui est toujours un dimanche, tous les villageois font la fête. Musiques et danses sont au rendez-vous. Des échanges commerciaux entre les quatre communautés ont également lieu. Enfin, il est un rituel : après avoir terminé la rénovation du pont, tous l’inaugurent en le traversant. Les restes du pont précédent sont eux jetés au fond des gorges de la rivière.
Quand assister aux célébrations ? Le festival au cours duquel le pont Q’eswachaka est rénové se termine le deuxième dimanche de juin, du 8 au 11 juin en 2023.
Comment s’y rendre ? Depuis Cuzco, le trajet dure 3 heures. On peut prendre les transports en commun de Cuzco à Combapata, puis jusqu’à Yanaoca et enfin jusqu’à Quehue. De là, il est possible de prendre un taxi qui mène à Qeswachaka en une quinzaine de minutes.
Né en 1891 dans la région de Puno (proche du lac Titicaca), Martín Chambi découvre la photographie alors qu’il travaille dans une mine d’Arequipa. À partir des années 1920, il pose son regard sur toute la région de Cuzco où il installe un studio et cofonde l’Institut American d’Art. Montagnes, villages, communautés indiennes, portraits, il dépasse le témoignage avec un véritable souci esthétique et une recherche de profondeur humaniste.
Il décède en 1973, six ans avant que le MoMA de New York ne lui consacre une rétrospective qui sera le point de départ d’une reconnaissance internationale. Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands photographes d’Amérique latine.
Scènes de rue ou portraits studio ont marqué le travail du photographe Martín Chambi. Mais aussi un regard unique sur la Vallée sacrée, ses paysages, ses constructions avec l’incontournable Machupicchu, sans oublier la rencontre de ses habitants, de leurs traditions. Premier amérindien à avoir documenté de l’intérieur et mis en lumière les traditions andines, il relate la vie quotidienne, ponctuée de mariages ou récoltes paysannes.
Cette œuvre se trouve réunie dans la ville de Cuzco et constitue une partie essentielle du patrimoine culturel péruvien. C’est notamment dans le but de la sauvegarder qu’en janvier 2019 l’Association Martín Chambi a réalisé un inventaire ainsi qu’un diagnostic de ses archives photographiques, en collaboration avec ses petits et arrière-petits-enfants, professionnels de la photographie et d’autres disciplines. La collection de photographies de Martín Chambi se compose de 40 000 négatifs.