sam. Déc 21st, 2024

 

Victor Hugo, considéré comme la plus grande figure du courant romantique en France et un des plus importants écrivains de la littérature française, a vécu un exil marquant sur l’île anglo-normande de Guernesey de 1855 à 1870, une période qui a profondément influencé son œuvre et sa vision politique. L’île de Guernesey a été son refuge mais aussi une de ses plus grandes sources d’inspiration. En effet, cette période l’a énormément inspiré et a eu un grand impact sur sa création littéraire et les chefs d’œuvres qui en découlent.

Guernesey : nouvelle terre d’exil de « l’Homme Océan »

Victor Hugo a déjà quatre ans d’exil derrière lui lorsqu’il débarque à Guernesey. Une errance contrainte et forcée après avoir osé fustiger, en France, la prise de pouvoir de Napoléon III. Ce fut alors la fuite à Bruxelles en 1851, puis à Jersey, de 1852 à 1855, avant d’accoster dans le port de Saint-Pierre-Port, capitale de l’île anglo-normande, le 31 octobre 1855.

Victor Hugo découvre cette charmante petite ville accrochée à la côte ouest de l’île, ses remparts et ses enfilades de rues pavées, se faufilant entre de pittoresques maisons de pierre.

À son arrivée, Victor Hugo et sa famille s’installent d’abord à l’Hôtel de l’Europe, puis dans un meublé numéro 20 de la rue Hauteville avant d’acquérir une maison au 38 de cette même rue, qu’il nomme Hauteville House. Ce lieu devient un véritable havre de paix et un site de création prolifique. Hugo investit dans l’aménagement de la maison, intégrant des éléments de décoration qui reflètent son goût artistique, des tapisseries aux faïences de Delft.
Une île et une maison de création

Acquise grâce à la littérature, la Hauteville House deviendra un haut lieu d’écriture. C’est là, dans son « look-out » perché au troisième étage, debout face à la mer, aux îles d’Herm et de Sercq, que Victor Hugo puisera l’inspiration pour coucher sur le papier certains de ses chefs-d’œuvre.


En effet, les quinze années passées à Guernesey sont parmi les plus fécondes de sa carrière. Il y écrit plusieurs œuvres majeures, dont Les Contemplations et La Légende des siècles, qui témoignent de son engagement pour la liberté et la justice sociale.
En s’installant à Guernesey, Victor Hugo trouve l’inspiration dans les paysages marins et la vie locale, qu’il décrit avec une sensibilité poignante. Victor Hugo a commencé, achevé ou publié la majorité des œuvres pour lesquelles il est le plus connu alors qu’il vivait à Guernesey. Il s’agit notamment des Contemplations (1856), de La Légende des siècles (1859), des Misérables (1862), de William Shakespeare (1864), des Chansons des rues et des bois (1865), des Travailleurs de la mer (1866), de L’Homme qui rit (1869) et de Quatrevingt-treize (1874).

Hauteville House : une œuvre à part entière

 

L’exil de Guernesey permit à Hugo de déployer son imagination créatrice dans le domaine de la décoration et du dessin. En effet, il dirigea avec soin l’aménagement de cette maison qu’il acheta en 1856 à Saint-Pierre-Port et où il s’installa avec sa famille. Durant ces années, Victor Hugo continua d’entretenir sa longue liaison avec Juliette Drouet qui l’avait suivi dans son exil en Belgique, à Jersey et à Guernesey. Enfin, pendant 14 ans, Hauteville House devint un lieu de ralliement pour tous les opposants au régime du Second Empire.

Lieu de création mais aussi création à part entière, la maison de Victor Hugo a été l’« autre » chef-d’œuvre de son exil à Guernesey, l’écrivain en ayant pensé, aménagé et mis en scène le moindre recoin. Chaque étage, chaque pièce témoignent de son incroyable profusion créative, entre tapisseries du XVIIIe, faïences de Delft, menuiseries réalisées sur mesure et objets divers chinés ici et là…rien n’est laissé au hasard.

On déambule depuis l’ombre du rez-de-chaussée jusqu’à la lumière du belvédère et on s’amuse à déchiffrer tous les « messages » disséminés par le maître, comme cette célèbre inscription latine qui orne la porte de la salle à manger : « exilium vita est », « la vie est un exil ». Passer la porte du 38 rue Hauteville, c’est plonger « physiquement » au cœur même du génie hugolien et de sa démesure.