mer. Déc 25th, 2024

HAUTES ALPES / 1860M

La station de Montgenèvre est née un jour de 1907. Cent ans de mondanités, d’événements sportifs, cent ans de complicités, d’histoires, cent ans d’évolution qui seront fêtés dignement cette année.

Comment imaginer, aujourd’hui, en découvrant le village, le front de neige, le half-pipe, le ballet des porteurs, le spectacle coloré des skieurs, que Montgenèvre fête cette année ses cent treize ans ?

UN ÂGE RESPECTABLE QUE LA VIEILLE DAME PORTE SANS COMPLEXE

Portée par la dynamique des Jeux Olympiques, elle s’est offert en 2006 une seconde jeunesse. Et peut se rappeler, avec émotion mais sans nostalgie, les temps anciens où les milieux chics parisiens venaient se montrer sur ses terrasses.

C’est en 1895 que le ski s’affiche pour la première fois dans le village : deux officiers norvégiens y effectuent une démonstration de ski et initient les soldats français à cette pratique.

En 1903, le ministre de la guerre crée, à Briançon, la première école de ski. Plus de 5000 skieurs militaires y seront formés jusqu’en 1914. Le régiment contribuera à répandre la pratique du ski parmi les populations montagnardes en cédant gratuitement des paires de skis aux villageois des hautes vallées.

Nombre de militaires se transformeront d’ailleurs en moniteurs bénévoles. À cette époque, on utilisait un bâton pour tenir en équilibre.

Pour s’arrêter, on se laissait simplement tomber, technique empirique qui restera sous le nom d’arrêt Briançonnais. L’épopée du ski est lancée dans la région.

La naissance de la station est marquée par l’organisation dans le village de la première compétition internationale.

Du 9 au 13 février 1907, sous l’impulsion du Club alpin français (CAF), du Touring Club de France et de l’armée, la station accueille son premier concours de saut à ski.Quelques 3 000 spectateurs, parmi lesquels plusieurs délégations officielles, venues d’Italie, de Suisse, d’Autriche, de Suède et de Norvège, envahissent la station pour applaudir les champions.

Le Norvégien Durban Hansen gagnera le concours de saut en franchissant plus de 26 mètres. Montgenèvre devient la première station française digne de ce nom. L’entre-deux guerre voit défiler dans la station une élite où les rentiers, les aristocrates se mélangent avec les bourgeois oisifs.

L’installation d’un remonte-pente au Prarial en 1936 accélère le phénomène et la pratique du ski devient peu à peu un véritable phénomène social.

Dans les années 30 et 40, Montgenèvre est le rendez-vous incontournable de la jet-set parisienne. Le propriétaire du Boeuf sur le toit, célèbre cabaret parisien, M. Moyses prend en charge le Grand Hôtel et draine avec lui une kyrielle d’artistes et d’écrivains célèbres. Durant cette époque bénie, on croisait dans la station les Cocteau, Gabin, Colette, Paul Émile Victor et autres Mistinguett…