jeu. Nov 21st, 2024

©OPG/©Okinawa Prefectural Government

Connaissez-vous la petite île de Zamami, à Okinawa ? Pour avoir eu la chance de m’y rendre il y a quelques années, j’aimerais partager avec vous mon carnet de bord et vous présenter cette île de l’archipel des Kerama qui m’a particulièrement séduit.

Alors que notre séjour au Japon touchait à sa fin, mon amie et moi décidions de nous rendre sur l’île de Zamami afin de profiter de quelques jours de repos, au soleil, loin de l’agitation des grandes villes japonaises.

Après une soirée et une nuit à Naha, sur l’île principale, nous embarquâmes sur le ferry « Zamami » depuis l’embarcadère du port de Tomari (Naha) pour une traversée de 2 heures. Au bout d’une heure trente, le ferry s’arrêta une première fois pour faire escale sur l’île d’Aka : nous étions au milieu de l’archipel, les îles étaient recouvertes d’une végétation luxuriante et délimitées par une bande de sable blanc qui se fondait parfaitement avec ce bleu si particulier rappelant la couleur du ciel. Absorbé par ce spectacle grandiose que nous offrait la nature, je sursautai au son de la corne de brume : l’escale était finie et nous reprenions notre route. Nous arrivâmes vers 12h, le soleil se faisait plus discret et quelques nuages commençaient à pointer le bout de leur nez. Cela n’enlevait rien au charme du petit port pittoresque de la ville de Zamami où pêcheurs et locaux s’attelaient à leurs activités dans un calme reposant. Une fois débarqués, nous nous dirigeâmes à l’office de tourisme pour y glaner quelques informations, récupérer une carte de l’île et nous poser à l’étage afin d’établir notre feuille de route pour les jours à venir. Assis face à une grande baie vitrée, nous avions une vue dégagée sur le port. On distinguait l’île d’Aka et ses montagnes verdoyantes en toile de fond : la scène était digne d’une carte postale. Enfin, une fois notre programme établi, nous partîmes déposer nos affaires dans notre logement pour les 2 nuits à venir.

Après avoir emprunté à notre hôte palmes, masques et tubas, nous partîmes à la recherche d’un spot de snorkeling sur une plage au sud-ouest de l’île. Après seulement quelques minutes de marche, nous quittions déjà le village. Alors que nous nous engouffrions sur des chemins sableux à la végétation épaisse où se mêlaient des plantes tropicales en tout genre, nous assistâmes à la procession étonnante de bernard-l’hermite. La nature était partout autour de nous ; j’avais la sensation de vivre un moment suspendu, comme hors du temps. En poursuivant notre route, nous croisâmes deux surfeurs qui nous indiquèrent la suite du chemin. Ce dernier débouchait sur une plage de galets et de sable blanc à la vue dégagée sur la mer. Je fus agréablement surpris par la douceur de la température de l’eau et je m’y plongeais entièrement.

Rentrés de notre balade, notre hôte nous proposa de passer la soirée ensemble. Nous partîmes rejoindre ses amis dans un restaurant de spécialités locales. Je pris un risotto au concombre amer (goya, légume typique que l’on retrouve dans les plats okinawaien) : c’était très bon. Bien qu’il n’y ait pas de boîte de nuit sur l’île, nous décidâmes de prolonger notre soirée afin de découvrir la « night life » de Zamami. Nous partîmes tous ensemble dans un bar tenu par une connaissance de notre hôte. L’ambiance y était animée, un groupe d’amis se lançaient des défis au karaoké sur des chansons old school japonaises au rythme des verres qui trinquent et des « karii » scandés en cœur (équivalent local du Kanpai – santé, en japonais). Quant à nous, nous faisions connaissance avec des jeunes japonais de l’île venus profiter de leur jour de repos. L’atmosphère était très conviviale. Nous terminâmes notre petite virée nocturne avec nos acolytes du soir autour d’un jeu de cartes et nous laissâmes tenter par la dégustation d’un verre de Habushu – fameuse boisson de la région, réputée pour ses vertus médicinales, dans laquelle macère un serpent venimeux : le habu ! Boisson étonnamment douce, au goût plutôt sucré, avec une légère note épicée et à la saveur rappelant celle du thé.

Le lendemain, nous rejoignîmes un ancien pêcheur de la région, passionné par la faune sous-marine et reconverti en tour-opérateur spécialisé en plongée, installé à Zamami depuis quelques années. C’était ma première plongée avec bouteille et j’avais une légère appréhension. Tandis qu’il nous emmenait vers notre spot de plongée, nous échangions avec un jeune couple japonais monté à bord afin de prendre des photos pour leur mariage : ils plongeraient avec nous mais sans bouteille et vêtus de leur tenue de mariés ! Une prestation apparemment répandue parmi les jeunes de la région, Okinawa style oblige ! 

La mer était calme et d’un bleu limpide : il était difficile de s’imaginer qu’un typhon frapperait la région 2 à 3 jours plus tard. Une fois à l’eau, le guide nous prit par la main et nous entamâmes tous les trois la descente. Contrairement à ce que j’avais pu imaginer, le système est très intuitif et facile à prendre en main. Rassuré, je sentais mon appréhension me quitter à mesure que nous descendions. La vue était splendide. Tandis que dansaient sous nos pieds, au rythme des courants marins, anémones et autres plantes colorées, des bancs de poissons aux couleurs bariolées, plus vives les unes que les autres, se croisaient en cercle au-dessus de nos têtes. Ce spectacle grandiose, semblable à une chorégraphie méticuleusement préparée, prenait place dans le silence réconfortant des profondeurs que seules les bulles d’air de nos équipements venaient troubler. Une sensation d’apaisement profond m’envahit et j’oubliai, le temps d’un instant, le tumulte de la vie à la surface. Je ne pourrais vous dire combien de temps nous sommes restés sous l’eau, mais ce moment constitue encore aujourd’hui l’un de mes plus beaux souvenirs.

Le lendemain, nous profitâmes de notre dernière journée et du beau temps pour parcourir une dernière fois Zamami. Nous rejoignîmes l’un des nombreux points d’observations de l’île avant de nous rendre sur une plage surveillée un peu plus loin à l’ouest. Alors que nous étions à la recherche de nouvelles formes de vie sous-marine, nous fûmes interpelés par une silhouette étonnante qui nageait tranquillement un peu plus loin. Il s’agissait d’une tortue de mer – nous n’en revenions pas ! Bien qu’il ne soit pas rare d’en observer lors de plongées dans l’archipel, le fait de tomber nez à nez avec l’une d’elles dans une zone de baignade surveillée était exceptionnel ! Ce moment fantastique fût l’apothéose de notre voyage dans l’archipel. 

En trois jours, l’archipel des Kerama et l’île de Zamami nous avaient offert un condensé extraordinaire de moments magiques, de rencontres et de souvenirs inoubliables qui resteront gravés à jamais dans nos mémoires.

 

Par Guillaume du JNTO