mer. Déc 4th, 2024

En 2024, le château de Versailles a pu acquérir grâce à la Société des Amis de Versailles des œuvres et objets d’art précieux liés à son histoire. Grâce à cette politique de remeublement, un exceptionnel écran de cheminée livré à Louis XVI, deux rares assiettes en porcelaine de Sèvres ainsi qu’une table à toilette ayant appartenu à Madame Victoire et un portrait de Madame de Pompadour sont désormais présentés au public […].   Aujourd’hui, le soutien de la Société des amis de Versailles est indispensable pour la conservation et l’enrichissement du patrimoine historique et culturel du château de Versailles. En effet, grâce à leurs contributions, les Amis de Versailles ont permis à un grand nombre d’œuvres et d’objets de retrouver leur place d’origine au château ou d’en compléter les collections. Ces acquisitions permettent de préserver et de transmettre aux générations futures l’authenticité et la grandeur du château de Versailles. En œuvrant avec passion et engagement, la Société des Amis de Versailles joue un rôle clé dans la valorisation et la préservation de ce patrimoine national.   

L’écran de cheminée du cabinet d’angle de Louis XVI

En 1784, Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, nommé intendant du Garde-Meuble, engage une politique de renouvellement du mobilier royal à Versailles. En 1786, le cabinet d’angle du Roi reçoit un ensemble moderne comprenant six chaises, une bergère, deux fauteuils de bureau et un écran de cheminée, réalisés par Boulard, Charny et Chatard. Vendu pendant la Révolution, ce mobilier a disparu, sauf l’écran.  L’entrée de cet écran à Versailles constitue un enrichissement majeur. Il permet de restituer le mobilier d’origine du cabinet d’angle, pièce centrale de l’appartement intérieur du roi, et constitue un parfait exemple de la politique de remeublement du château. Il reflète également le goût personnel de Louis XVI, reprenant un modèle d’écran apprécié pour son salon des jeux.

 

Écran de cheminée, Jean-Baptiste Boulard, Louis-François Chatard, 1786
© Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin

La Société des Amis de Versailles a pu réaliser cette acquisition grâce au soutien de tous ses membres.  

Un portrait de Madame de Pompadour par François-Hubert Drouais

Ce portrait en buste de Madame de Pompadour récemment acquis grâce à la Société des Amis de Versailles constitue l’une des plus belles variations du célèbre portrait en pied réalisé par François-Hubert Drouais et conservé à la National Gallery de Londres. Exécuté peu avant la mort de la marquise en 1764, ce tableau témoigne du talent exceptionnel de l’artiste, largement reconnu à son époque pour la précision avec laquelle il saisissait les traits de ses modèles. Madame de Pompadour, alors âgée de 41 ans, n’était plus la maîtresse de Louis XV mais restait l’une de ses plus proches confidentes, occupant une place importante à la cour. Probablement portraiturée dans ses appartements à Versailles, elle est représentée coiffée d’un fanchon de dentelle, un atour élégant associé aux femmes de maturité, et assise à son métier à broder, symbole de vertu féminine. Lors de sa présentation en 1764, le portrait en pied suscita un vif enthousiasme. Les contemporains louèrent la ressemblance frappante et la richesse de la composition.

À cette époque, l’artiste imagina aussi une variation en buste, caractérisée par des dimensions plus modestes et des détails distincts, comme les mains dissimulées sous un manchon de fourrure. Cette version, plus facile à diffuser, donna lieu à plusieurs répétitions, contrairement au portrait en pied. Une quinzaine de ces variations en buste ont été répertoriées, dont l’exemplaire acquis par le château de Versailles.Cette version du portrait en buste de Madame de Pompadour est sans conteste l’une des plus belles déclinaisons du portrait en pied.      

 
Portrait de Madame de Pompadour, François-Hubert Drouais, vers 1764, huile sur toile
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

 

Deux rarissimes assiettes de Madame Victoire

Cette paire d’assiettes en porcelaine tendre, ornée d’un décor champêtre mêlant roses, bleuets et rinceaux dorés, provient du « service Jardin » créé par la manufacture royale de Sèvres en 1785. Acquis par Madame Victoire lors d’une exposition à Versailles, ce service de dessert, comprenant à l’origine 81 pièces, était destiné à des repas intimes. Fait rare, le dessin préparatoire de cette pièce a été conservé dans le registre des modèles de la manufacture de Sèvres. Aujourd’hui, seules quelques pièces de ce service royal sont connues, dont une assiette datée de 1785 au Victoria & Albert Museum de Londres. En 1787, la Manufacture reprit ce décor, avec des variantes, pour un service vendu à l’ambassadeur danois Otto Blome. Madame Victoire, née en 1733 à Versailles, était la cinquième fille de Louis XV et Marie Leszczynska. Célibataire, elle entretenait des relations proches avec Louis XVI et Marie-Antoinette. À la fin de l’Ancien Régime, elle vivait avec ses sœurs Sophie et Adélaïde au château de Versailles. Au début de la Révolution, elle se réfugia à Paris avant d’émigrer en Italie, où elle mourut à Trieste en 1799. Héritière du goût de son père pour la manufacture de Sèvres, Madame Victoire possédait plusieurs services, dont ce « service Jardin », aux petits bouquets caractéristiques de l’époque. Cette acquisition a été rendue possible grâce à la générosité du comte Édouard de Royère.  

Une table à toilette de madame Victoire

Cette table de toilette est attribuée à l’ébéniste Étienne Levasseur, dont le style sobre est caractéristique de la fin des années 1780. Elle comprend cinq tiroirs et un plateau tripartite avec un miroir central et des vantaux latéraux. Deux éléments permettent d’identifier précisément sa provenance : la marque au feu BV surmontée de la couronne royale, apposée sur certains meubles du château de Bellevue  – propriété de Mesdames, filles de Louis XV, dès 1775 –, et une étiquette manuscrite datée de 1791, précisant l’emplacement du meuble dans le château : « En 1791 / toilette du Cabinet de toilette / de Md. Victoire ». Les meubles d’Étienne Levasseur, qui emplissaient principalement les pièces privées du château de Bellevue à la veille de la Révolution, avaient été livrés par l’intermédiaire des Darnault Frères, marchands auprès desquels Mesdames avaient acquis dès les années 1780 des meubles prestigieux, notamment des pièces à panneaux de laque du Japon estampillées Martin Carlin.  La table de toilette sera placée à Versailles dans le Cabinet intérieur de Madame Victoire, où figuraient déjà les principaux meubles de Levasseur à placage d’acajou provenant de Bellevue et désormais conservés au château.   Cette acquisition a été rendue possible grâce à la générosité de M. et Mme Xavier Guénant, M. Philippe Maire, M. et Mme Simon de Monicault et M. et Mme Yves Vandewalle.